dimanche 15 mars 2015

BLASPHÈME, SUITE


Retour à la question de définir "blasphème".
Et donc, comme déjà suggéré, par rapport aux définitions Larousse-Robert, j'ai une notion beaucoup plus restrictive du blasphème : l'insulte à Dieu lui-même (le supposé dieu de telle religion) ou à un dogme bien défini de cette religion. Mais tout dépend du "niveau de charge". (La "charge" est à l'origine étymologique du mot "caricature" – on en reparlera.) Exemples : dans "Le Jardin Délicieux" (très jolie BD en vente chez Caza-eBook), je dessine Dieu (Yaveh de son prénom) comme un gros bébé cyclope un peu crétin faisant des pâtés de sable. Un catholique, ou l'Église, peut considérer cela comme un blasphème, d'accord. Mais ce n'est que son point-de-vue d'individu ou d'institution. Je dirai donc que c'est son problème. Quant au Dieu que je prends à partie, il n'existe pas, donc il s'en fout – et moi aussi. Ou sinon, pourquoi ne me balance-t-il pas direct un éclair sur la tronche ? Et réponse : voir article précédent.
Quant aux dogmes à respecter, dans le christianisme, il n'en manque pas : virginité de Marie mère de Jésus, lui-même divin, "fils de Dieu-le-Père", créateur du Tout, et formant avec l'Esprit Saint la Sainte Trinité, transsubstantiation ("conversion de toute la substance du pain et du vin en toute la substance du corps et sang du Christ lors de l'Eucharistie") , etc. Leur négation est un blasphème, sans doute, du point-de-vue de l'Église. Encore faut-il que cette négation vienne d'un chrétien, qui, alors devient hérétique. Mais si ça vient d'un incroyant, c'est juste l'expression de son incroyance – so what ?
Wiki.
Si je quitte mes petits dicos au bénéfice des internets, je trouve d'abord les mêmes définitions trop vagues… puis une intéressante page Wiki française.
J'en garde immédiatement ceci qui confirme ma restriction aux offenses à Dieu :
# Le blasphème défini par les théologiens et hommes d'Église peut être de trois sortes :
- il est hérétique lorsque l'insulte contient une déclaration contre la foi, telle que dans l'affirmation « Dieu est cruel et injuste », ou encore « Dieu est la plus merveilleuse création de l'Homme ».
- il est une imprécation quand il s'agit d'exprimer une malédiction envers l'Être suprême tel que l'affirmation « débarrassons-nous de Dieu ».
- il est un simple irrespect lorsqu'il est entièrement fait de mépris ou d'indignation à l'égard de Dieu.
Peuvent être, par exemple, considérés comme des blasphèmes :
- nier un attribut divin, voire l'existence du dieu,
- s'approprier un attribut ou un objet consacré,
- pénétrer dans certains lieux,
- injurier ou abimer une représentation du dieu,
- mentir, se parjurer,
- représenter une icône, quand la religion d'où elle est issue l'interdit, et a fortiori sous forme de caricature. (Voir Aniconisme) # (Je laisse le lien vers Aniconisme, puisque la question concerne tout particulièrement l'islam et donc les représentations et caricatures du prof'.)
… Ce qui élargit la question au domaine du sacré et à sa profanation – en se rappelant toujours, je ne le dirai jamais assez, que "le sacré" n'est nulle part absolu, est toujours le sacré de quelqu'un, individu ou groupe. L'auteur de cette page Wiki prend bien soin de dire "défini par les théologiens et hommes d'Église" ainsi que "peuvent être considérés comme". Je souligne ces termes pour toujours bien rappeler, comme lui, qu'il s'agit de décrets promulgués par des instances (théologiens, prêtres, croyants), exprimant donc le point-de-vue de ceux-ci et rien d'autre. Il n'y a pas de sacré objectif, absolu, rien n'est sacré en soi. Ce qui veut dire que le sacré, l'intouchable, le transcendant, est toujours relatif à un individu ou à un groupe, est toujours issu d'une décision humaine et que, quant à ceux à qui la critique, moquerie ou insulte ne plait pas, c'est leur problème.
Pierre Bayle : « Le blasphème n'est scandaleux qu'aux yeux de celui qui vénère la réalité blasphémée ». (Et même si cette "réalité" est rien moins que réelle…)
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Je reprends un petit coup de Wiki, mais la suite de l'article wiki étant un peu répétitive par rapport à mes posts précédents, je coupe et résume à grands traits.
Blasphème par religion
Judaïsme
Dans le judaïsme, une religion qui interdit à la fois de représenter Dieu et de prononcer son nom, la notion de blasphème reste limitée : le judaïsme condamne et exclut plus facilement "celui qui porte atteinte à la communauté" que celui qui maudit Dieu.
Christianisme
Le deuxième commandement (« Tu ne prononceras pas le nom du Seigneur ton Dieu à faux ») prescrit de respecter le nom du Seigneur, interdit tout usage inconvenant du nom de Dieu. Le blasphème consiste à user du nom de Dieu, de Jésus Christ, de la Vierge Marie et des saints d'une façon injurieuse.
Islam
Tareq Oubrou, le grand imam de Bordeaux explique : « Le terme 'blasphème' n’a pas d’équivalent en arabe. L’islam parle, lui, d’apostasie, ce qui veut dire renier sa religion ».
Cependant, dans le monde musulman, aujourd'hui, les intellectuels de renom qui prônent une évolution de l'islam et une réforme dans un sens propice aux libertés modernes, et qui dénoncent les interprétations extrémistes des tenants d'un islamisme radical, sont dénoncés comme blasphémateurs et menacés de mort.
Même si une tradition veut que l’Islam enseigne la tolérance et la paix et respecte en principe la liberté de religion, car le Coran affirme que : « Il ne doit pas y avoir la contrainte dans la religion ». (2 : 257) et « L’homme est libre d’accepter ou rejeter » (18 : 30), selon les périodes et selon les pays, selon les orientations des responsables religieux et selon leur poids dans la société, ces principes coraniques sont mis de côté et la liberté est sujette à restriction.
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On ne le répètera jamais assez, en République le blasphème n'existe pas.
Les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 ont aboli la notion de blasphème comme tel, offrant ainsi la liberté de religion. Il ne peut y avoir de sanction que lorsqu'il y a abus ou trouble à l'ordre public.
Le blasphème peut cependant constituer un préjudice pour les fidèles en tant que citoyens protégés par la loi qui les autorise à posséder leurs propres croyances. Partant, le blasphème peut engager la responsabilité civile de celui qui le profère, s'il contrevient au droit de libre croyance. Un État laïc ne peut le sanctionner que indépendamment de toute considération religieuse, seulement afin de préserver la paix sociale, donc non pas en tant qu'atteinte à une religion mais en tant que trouble à l'ordre public. De sorte que les critiques, même si elles sont irrespectueuses, y compris les caricatures, ne sont pas un délit du point de vue du droit commun. D'ailleurs, la justice civile déboute quasi systématiquement les groupes religieux qui voudraient limiter la liberté d'expression pour protéger leurs croyances et leurs opinions religieuses.
En France, ce qui est interdit c'est "l'injure, l'attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse" ou "l'incitation à la haine raciale ou religieuse".
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Et donc, comme déjà dit plus haut :
Le religieux qui place la loi de Dieu au dessus des lois des hommes ne vit pas en république.
Et pire : des fois il est très con et il a une kalachnikov (fabriquée par ces mécréants blasphémateurs occidentaux).
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Paru dans le Psikopat.

1 commentaire:

Greg a dit…

En fait, j'ai toujours été étonné qu'aucun théologien digne de ce nom n'ait jamais pointé du doigt que tuer un blasphémateur est en soi une insulte a Dieu.
Dieu, tel qu'il est conçu par les religions monothéistes, est en tant que créateur universel, obligatoirement omnipotent, omniscient, et d'une sagesse infinie. Par là, imaginer qu'il puisse se sentir vexé de quelconque manière, et a fortiori par un crobard, tend a le rabaisser a un niveau humain. Là se situe la véritable insulte a mon humble avis.