mardi 29 juillet 2014

ET APRÈS…?? (2)


Et encore… je pourrais faire appel à la Métaphysique, à Dieu, au Destin, à la question "Libre-arbitre ou Déterminisme ?", dire, comme le Jacques-le-fataliste de Diderot : « Tout est écrit là-haut sur un grand rouleau », ou « Mektoub », « Si Dieu le veut… » ou « Dieu l'a voulu », comme un musulman pour qui tout dans l'existence obéit au décret divin. Et sans chercher aussi loin, je pourrais me fier à nombre d'expressions courantes, simples superstitions populaires, comme « J'ai eu de la chance ! » ou « Je dois avoir une bonne étoile » ou le contraire : « Fatalitas ! », « C'était pas mon jour »…
Et ainsi, je peux me refuser toute liberté, toute initiative personnelle, balloté que je suis entre tous ces déterminismes invisibles qui sont hors de Moi, qui ne sont pas Moi. Et donc fuir toute culpabilité et toute responsabilité.
On peut aller plus loin, plus rationnellement, plus réalistement, dans l'examen de la question du déterminisme. Le principe de causalité en général. Tout ce qu'il se passe au monde, et même dans l'univers, est la conséquence (les conséquences) d'une cause (d'une multiplicité de causes)… Causes qui elles-mêmes ont commencé leur carrière en étant les  conséquences de causes précédentes… et ce à l'infini de la pensée à rebrousse-temps.
— Mais… La différence de l'humain avec le reste, c'est que ses actions n'ont pas seulement des causes (au sens mécanique) mais des raisons (désir, croyance, but), non ?
— Oui, mais ces raisons sont elles-mêmes fomentées par de multiples causes inconnues et inconnaissables.
Au niveau du cerveau, par exemple, si on entre dans des questions de neurones, de connexions, de neurotransmetteurs, on va avoir du mal à trouver le "libre-arbitre".
Sur le plan familial, autre exemple, je suis la conséquence dont mes parents sont la cause, eux-mêmes conséquences de leurs parents-causes, qui eux-mêmes… etc. On peut remonter comme ça jusqu'à Adam et Ève qui nous auraient transmis le péché originel à travers les millénaires… Ou, plus sérieusement, jusqu'aux premiers homo sapiens… et pourquoi pas aux préhominiens, aux premiers mammifères et jusqu'à l'amibe première vivante, elle-même causée par une certaine réaction physico-chimique dans la matière jusque là inerte et ainsi jusqu'aux étoiles et au Big Bang, si on veut croire à un début des temps… l'infini des chaines cause/conséquence et l'infini des connexions et imbrications de ces chaines entre elles. Ceci est la réalité… pas besoin d'un Grand Livre du Destin.
— Ça fout un peu le vertige…
— Ça doit être la faim…
On arrive à un TOUT finalement aussi nihiliste que le RIEN que j'attribue au Moi. Dire que le Moi n'est rien de réel ou qu'il est (ainsi que ses actes) causé par TOUT, ça revient un peu au même. Et ça fait un sort définitif à l'idée de libre-arbitre.
— Mais… c'est terrible !
— Mais non. En fait, ON S'EN FOUT.
Je reprends la phrase précédente dans l'autre sens : si je suis déterminé par TOUT, autant dire que je suis déterminé par RIEN. Et donc, c'est bien là que je voulais en venir. Je suis libre. Et responsable.





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