mardi 22 avril 2014

SOLIDARITÉ ANIMALE


Un bon nombre des articles déjà postés ici tendent à cette idée simple : la lutte pour la vie est autant une affaire collective que personnelle, ceci autant dans la nature que dans la culture des humanoïdes (associés, donc).
Les animaux ne nous ont pas attendus pour inventer (ce que nous appelons) la solidarité.
L'une des bases, à l'intérieur du groupe, est la protection des petits, tantôt assurée par les femelles, tantôt par les mâles, tantôt par les deux, tantôt même par d'autres membres de la tribu, ceci particulièrement chez les oiseaux. Chez les manchots, par exemple, pendant que père et mère vont à la pêche, les voisins surveillent leur œuf ou leur petit, le protègent des attaques de mouettes en piqué.
Les petits éléphants sont pris en charge, non seulement par leur mère mais par toutes les femelles du troupeau. La horde de loups s'occupe des nourrissons du mâle alpha pendant qu'il est occupé à sauter la femelle alphate. Les chimpanzés partagent les produits de leur chasse et pratiquent l'adoption ; la GPA ne devrait pas tarder.
Les oiseaux migrateurs volent en V : les premiers, les plus costauds, ouvrent la marche, assurant au peloton qui les suit une pénétration dans l'air plus aisée. De même pour la mer cane qui fend l'eau devant ses canetons et canetonnes.
Par rapport à l'extérieur, aux dangers, la vie en harde de nombre de mammifères herbivores (girafes, zèbres, rennes, bœuf musqués…) est une protection contre les prédateurs. De même les bancs de poissons ou les vols d'étourneaux.
Et du côté des prédateurs, à la chasse, les lionnes, les loups organisent des battues.
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Tout cela suppose qu'il n'y ait pas de discorde entre les intervenants, ce qui suppose une organisation sociale, ce qui suppose une hiérarchie, un ordre de préséance. Les affrontements internes, les joutes de mâles (luttes de dissuasion plutôt que de destruction) ne servent pas seulement à frimer devant les filles, mais à structurer le groupe et donc permettre une coexistence pacifique.
On peut se rappeler en particulier les études de Konrad Lorenz sur les oies cendrées, qu'il a découvertes très sociables ET très soucieuses de hiérarchie. Chacun son rang. Les violentes bagarres tendent (paradoxalement) à désamorcer l'agressivité à l'intérieur du groupe. C'est que deux mâles qui se sont mesurés en combat singulier ne sont plus ennemis, ils deviennent même copains. On voit ça dans toutes les hordes, y compris dans les bandes de gangsters ou de cailleras de banlieue. Il ne s'agit pas tant d'éliminer les plus faibles que de structurer le groupe et, par là, d'éviter les bagarres inutiles.
Chez les oies grises, l'attachement mutuel, "le lien" un qui unit les membres d'un groupe se fait aussi en orientant l'agressivité vers l'extérieur dans des cérémonials démonstratifs, quand ce n'est pas face à un danger extérieur réel.
On peut sans se forcer faire le parallèle entre ces comportements animaux et les nôtres.
La loi de la jungle n'est pas seulement la loi du plus fort, elle est faite aussi d'entraides, de coopération, de solidarité. Il y a compétition, agressivité, dominance, certes, mais aussi fraternité. Est-ce à dire que les animaux peuvent faire preuve d'humanité ? Non, c'est nous qui faisons preuve d'animalité, tant dans l'agression que dans la fraternisation, le soin, le care. Notre truc à nous, c'est que nous avons des mots pour le dire, le conceptualiser, le travailler intellectuellement, littérairement, moralement, éthiquement. Ainsi nos artifices humains, culturels, concourent à notre évolution.



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