mercredi 23 avril 2014

SOLIDARITÉ ANIMALE, suite


Et les comportements suicidaires ou sacrificiels ? 
Ces oiseaux qui s'agitent de manière, semble-t-il, à attirer l'attention du faucon pour le détourner du reste du groupe… L'antilope qui fait des bonds à l'approche d'un léopard, ce qui prévient les copines, mais ce qui, simultanément, la signale à l'attention du léopard. L'abeille qui meurt en piquant l'intrus se sacrifie, peut-on dire, pour la ruche. Les fourmis qui se jettent dans le feu pour l'étouffer.
Le dévouement des abeilles ouvrières stériles à soigner les couvains ont posé question à Darwin, jusqu'à ce que l'on comprenne que ces comportements ne prennent leur sens que par le bénéfice du groupe. Ainsi, il faudrait considérer une ruche, une fourmilière, non comme une société d'individus indépendants mais comme un organisme global dont les ouvrières, soldats etc. seraient les cellules, œuvrant  toutes à la survie de l'entité, le macro-organisme.
Comportement généreux suicidaire, comme si là la vie de l'individu ne comptait pas, au bénéfice de la vie du groupe. Faut-il vraiment s'en étonner ? N'y a-t-il pas chez l'homme autant de comportements où le père se sacrifie pour ses enfants, le soldat pour son pays, c'est-à-dire des circonstances où l'individu s'oublie au bénéfice des autres. Aurions-nous inventé ça ou prolongeons-nous des comportements déjà très répandus chez "nos frères inférieurs".
Ces cas peuvent se lire comme "je me sacrifie pour sauver les autres", ou, plus cyniquement : "je me vois, moi, en danger et donc je préviens les autres pour ne pas rester seul face au danger, qu'ils me donnent au besoin un coup de main". L'individu se protège par la solidarité, profite de la solidarité. En termes moraux, siffler l'alerte peut être vu comme une bonne action calculée, un égoïsme dissimulé. Mais si on évite l'analyse moralisante, on retrouve le mutualisme : ce qui est bon pour l'individu est bon pour le groupe et vice versa.
On peut noter que chez bien des espèces, ces comportements de solidarité protectrice touchent en premier les plus proches génétiquement : les enfants, les frères, puis perdent de leur intensité avec l'éloignement : deux frères valent huit cousins !
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Il faut aussi citer les solidarités inter espèces. Les barbiers qui mangent dans la bouche des mérous et ainsi les débarrassent de leurs déchets, les lézards qui s'installent sous les ailes des jeunes mouettes et les soulagent de leurs parasites, les aigrettes ou pique-bœufs qui font de même sur les buffles ou les hippopotames. Le poisson-clown qui s'installe dans la cavité gastrique de l'anémone de mer, il la nettoie et est à l'abri. Sans oublier que quand nous faisons caca-pipi dans les bois ou dans la prairie, nous amenons de l'engrais aux plantes du coin.
Échange de bons procédés, symbiose, parasitage mutuel… bénéfice réciproque, arrangements, contrats gagnant-gagnant. Que faisons-nous d'autre dans une tractation commerciale (honnête) ?


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