lundi 31 mars 2014

INTERACTIONS


Un jeu d'interactions complexe, hypercomplexe, même. Cette hypercomplexité a sans doute une grande importance pour la durabilité du système en question.
(J'ai dit "système"… On peut en effet parler de "système d'interactions", avec le défaut que le terme laisse encore planer l'idée d'une idée à la base, d'un concept… Si j'utilise ce terme, je dois bien garder en tête qu'il s'agit d'un système existant "en soi et par soi", non volontaire, non conçu-fabriqué, neutre (naturel). Mais le mot "jeu" évoque aussi bien un concept et des règles… Se dire juste : "c'est comme ça que ça fonctionne", "c'est comme ça que ça se passe"… Un "fonctionnement", donc, ou un "phénomène", pour employer un terme plus philosophique.)
J'ai déjà utilisé le "IL Y A" en opposition à l'anthropocentrisme qui est notre subjectivité collective. En complément, voici "COMME ÇA". Le monde est "comme ça" (et pas autrement). Ou "le monde est ce qu'il est". On appelle ça une tautologie, ce qui passe pour être aussi idiot qu'une histoire de Toto, mais pourtant…
• Attention : l'idiotie, ce n'est pas la bêtise ou l'imbécilité. Idiôtès, idiot, signifie d'abord simple, particulier, unique, avant de glisser vers la personne dépourvue de raison, inintelligente. « Toute chose, toute personne sont ainsi idiotes dès lors qu'elles n'existent qu'en elles-mêmes c'est-à-dire sont incapables d'apparaitre autrement que là où elles sont et telles qu'elles sont. » (Clément Rosset)
L'idiotie, c'est juste l'état du réel, hors de toute interprétation, de toute valeur ajoutée.
L'idiotie sera donc aussi contre le sacré, l'intouchable, la pureté morale, toujours susceptible de tourner à la purification éthique.
Et "l'harmonie" ?


dimanche 30 mars 2014

SOLIDARITÉS MÉCANIQUES


Les abeilles volent du pollen aux fleurs pour se nourrir et nourrir leur reine-matrice, mais, ce faisant, pollinisent, c'est à dire fécondent les fleurs et donc les fruits et légumes qui s'ensuivront, rien qu'en capturant dans leurs poils le pollen de l'une et le déposant dans l'autre – sans le faire exprès. Intérêts réciproques, système gagnant-gagnant. 
L'herbe nourrit les lapins ou les chèvres et bien d'autres herbivores – sans le faire exprès –, les herbivores nourrissent les carnivores – sans le faire exprès –, carnivores qui, eux-mêmes ne négligent pas le miel produit par les abeilles. Les excréments produits par tous ces bestiaux nourrissent l'herbe, les plantes, les arbres, d'autres insectes… (N'avez-vous jamais vu un magnifique papillon butiner une crotte de chien ?)… Sans oublier que la mort de l'herbe ou des feuilles nourrit la terre et les vers et…… Sans oublier les charognards, que nourrissent – sans le faire exprès – tous les bestiaux morts………
Etc, donc… et encore etc !
Et j'ai bien dit, sinon à chaque fois, du moins le plus souvent possible : "sans le faire exprès". Car il n'est pas question de dire que les abeilles butinent pour polliniser les légumes, ni que ceux-ci pourrissent pour nourrir les lombrics, ni que ceux-ci font des galeries pour aérer la terre, ou encore que les renards font caca pour fertiliser le sol et nourrir l'herbe, laquelle pousserait pour le seul plaisir de se faire bouffer par les chèvres.
Il n'y a pas de pour, dans tout ça. Il n'y a pas de solidarité ni de collaboration ni de concurrence au sens où nous l'entendons : un sens humain qui est souvent un sens moral : la collaboration, c'est bien, le parasitage ou la prédation, c'est mal.  Si on veut employer ces termes, bien se dire que le prédateur et sa proie "collaborent", en fait, sont "solidaires", ne sont pas en concurrence. Il n'y a pas de volonté, de but, de sens. Ça marche comme ça, c'est tout. Je me vois forcé d'employer le terme "mécanisme", même si ça semble lourd et trivial. (Et même si ça évoque une image qui ne me convient pas du tout : celle du mécanisme d'horlogerie qui laisse supposer un Grand Horloger !)
Plus abstrait que "mécanisme", et sans doute plus juste, serait "un jeu d'interactions".


samedi 29 mars 2014

UN CHEMIN DANS UNE FORÊT


« J'aime bien marcher à pied, au sens philosophique du terme. » (Brève de comptoir)

… M'empêchant de marcher tout droit vers mon but, il y a un arbre, un rocher, un ravin… Je le contourne. Et ce détour ennuyeux devient un serpent dans lequel on met et remet ses pas, jour après jour. Ainsi mes pas font le chemin qui fait mes pas.

Le chemin ne s'est pas tracé tout seul. Il obéit à une volonté (humaine), il a une fonction (humaine), un but (humain), un concept (humain). Tous ces termes (volonté, fonction, but, concept) sont de l'ordre de l'abstrait. Le chemin, lui, reste concret par ses matériaux mais a été structuré par l'humain. Le lieu concerné (forêt) perd en nature (chaos) mais gagne en structure. L'intervention humaine sur la nature est d'abord cela : dénaturation / structuration.
On oppose généralement nature / culture. On pourrait aussi bien opposer nature / structure.
Pour autant, la nature est-elle du chaos ? Pas tant que ça. Elle est vue par l'humain, a priori, comme chaos. Mais l'observation, l'étude, mènent à y découvrir des structures : veines du bois ou d'un minéral. Une étude plus poussée mène à comprendre ces structuration de la matière, qu'elle soit vivante ou morte : structurations nées d'une force (poussée volcanique, pesanteur…) ou d'une fonction (fonction chlorophyllienne des plantes).
J'ai failli dire "d'un but", car on pense facilement « Pourquoi les plantes sont-elles vertes ? Pourquoi la chlorophylle ? C'est pour capter l'énergie solaire qui va permettre de changer le CO2 en O2… » Hola ?! La plante aurait-elle des intentions, des buts ? Cette manière de penser, proprement humaine, va nous retomber sur le râble à chaque coin de page. C'est pourquoi j'ai choisi le mot "fonction", plus abstrait, ne nécessitant pas forcément volonté, intention, but. Partie d'un mécanisme global qui ne fonctionne que si chacun de ses éléments a une fonction et accomplit sa fonction. C'est l'écologie. Boucles de feed-back ou rétroaction (positive ou négative), interactions, échanges, complémentarités. Il s'agit de complexité.


vendredi 28 mars 2014

OLIPHANTS


Les éléphants du Kenya savent reconnaitre les chasseurs à différents critères, visuels, olfactifs, sonores.
Ils ne s'inquiètent pas à proximité des tribus de paysans Kamba, mais fuient les tribus de chasseurs Maasaï. En plus de la reconnaissance visuelle (les longues tuniques rouges des Maasaï), il semble bien qu'ils reconnaissent les hommes dangereux au son de leur langue et même, à l'intérieur d'une même langue, qu'ils différencient voix des hommes, chasseurs, de celles des femmes et des enfants, sans danger.
Pour les auteurs de l'étude sur place à base de hauts-parleurs et d'observation, pas de doute, cela tient de la culture. Bien que le nombre d’animaux tués par les Maasaï ces dernières années ait diminué, ces géants ont pu se transmettre les clés du savoir d’une époque plus ancienne, en observant les réactions des matriarches successives associant ces voix à des dangers.
Ou peut-être en communiquant, car il est désormais admis que les pachydermes sont en mesure de communiquer oralement la nature d’un danger. Par exemple, confrontés à un essaim d’abeilles en furie, ils émettent une fréquence particulière et unique qui fait fuir le troupeau. De la même façon, la vue d’un Maasaï les pousse à générer un autre cri, unique également, pour signaler l’ennemi.
D'après :
http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/actu/d/zoologie-elephants-reconnaissent-voix-hommes-dangereux-52742/


jeudi 27 mars 2014

BARRY COMMONER


Biologiste américain, engagé dès les années 50 dans la lutte contre les essais nucléaires. A fondé en 1980 le Parti des citoyens et s'est présenté sous cette étiquette aux élections présidentielles.
Dans son livre « The Closing Circle » de 1971, Barry Commoner a établi ses quatre lois de l'écologie, qui sont :
1. Chaque chose est connectée aux autres. Il y a une seule écosphère pour tous les organismes vivants. Ce qui affecte l'un affecte tous les autres.
2. Chaque chose va quelque part. Il n'y a pas de déchets dans la nature, et il n'y a pas un ailleurs où l'on puisse jeter les choses.
3. La Nature sait. Le genre humain a développé la technologie pour améliorer la nature, mais un tel changement tend à être nocif pour le système.
4. Un repas gratuit, cela n'existe pas. Dans la nature, chaque côté de l'équation doit être en équilibre, pour chaque gain il y a un cout, et toutes les dettes seront payées.
("Rien ne se perd, rien ne se crée" pourrait trouver sa place aussi là.)
Je contesterai seulement l'expression "la Nature sait"… ou bien j'ajouterai que c'est une métaphore, une façon de parler, tant il est difficile de parler de savoir là où il n'y a pas  conscience humaine.