mercredi 4 avril 2012

BIPOLAIRE


LO N° 472 (04 04 12)
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LA CHUTE (L'écologie politique, espèce en danger)
Pour ma part, faisant partie des écolos de la première heure, ceux qui, dans les années 70, lisaient et faisaient "La Gueule Ouverte", je n'ai jamais cru à "l'écologie politique", sentant dès le début que cela ne pouvait que mener à ces compromissions, ces jeux de partis que l'on ne connaît que trop. J'étais et reste persuadé que l'écologie est d'abord une science ou en tout cas une démarche scientifique complexe, et que, ensuite, l'écologisme, c'est-à-dire la militance écolo, avait intérêt à agir hors des partis.
Je reprends ici en particulier les dires de Dominique Simonnet, écrivain et journaliste, ancien président des Amis de la Terre, dans Le Monde daté de ce 3 avril 12. « A l'évidence, dans les préoccupations des Français frappés par la crise, l'environnement passe après le retour à l'emploi, le pouvoir d'achat et la protection sociale », certes, et pourtant l'écologie va bien, oui, elle préoccupe les Français, oui, mais ce n'est pas par les partis que ça passe.
La situation actuelle ne fait que le confirmer. Au moment où Eva Joly, déjà bien bas dans les sondages, se casse la gueule dans l'escalier, elle entraîne avec elle l'EELV… à moins que ce soit l'EELV qui l'entraîne. (Et je dis ça comme quelqu'un l'aimant beaucoup, l'Eva ! Et si je pense que Nicolas Hulot aurait été un candidat plus populaire, je n'imagine pas qu'il aurait fait beaucoup mieux.) Et pourquoi ? Parce que, si l'écologie politique est laminée par cette campagne politique, la crise et tout le bazar, l'écologie tout court, la vraie, ou l'écologie militante, elle, a réussi : elle est entrée partout, dans le milieu associatif, dans les écoles, et dans la conscience collective. (Et souvent, contrairement à toute attente, par la télévision !)
« L'écologie, appellation fourre-tout, désigne en réalité une myriade de groupes, mouvements et associations engagés pour une planète vivante et vivable, pour le développement des énergies renouvelables, la préservation des espaces naturels, la mer, l'air pur, le climat, les oiseaux, les baleines, les requins, les hippocampes et que sais-je encore...
Cette écologie-là […] s'exerce dans la société civile. Elle peut certes peser dans des instances locales, régionales – et bien sûr internationales – pour pousser les dossiers de l'environnement, mais elle ne se situe pas dans le jeu politicien. Telle n'est pas sa nature. L'écologie est culturelle, sociale, philosophique peut-être, voire poétique. C'est une pratique, un regard porté sur le monde. Ce n'est pas une politique. »
Alors les idées d'une « économie postindustrielle fondée sur des ressources durables, des relations plus harmonieuses entre la planète et l'individu, une articulation plus éclairée du savoir et de la technologie, une plus grande autonomie donnée aux entités locales... », tout cela n'est pas à l'au, tout cela nage sa brasse tranquille, parfois sous-marine, sous les tempêtes de surface.
« Un parti écologiste n'a pas plus de sens qu'un parti humanitaire ou féministe. Voilà pourquoi, dans leur majorité, les écologistes, ceux de la première heure comme ceux des nouvelles générations, ne voteront pas pour les Verts. Ils le savent, eux : l'écologie politique est morte. Et ils ne souhaitent qu'une chose : que vive l'écologie ! »
(Tiens, je suis chiément optimiste, aujourd'hui !)
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BIPOLAIRE
La [fibre] bipolaire est-elle deux fois plus chaude que la polaire ?
D'après Courrier International N°1103-04 de fin 2011, des psychiatres et électroniciens suisses auraient inventé un tee-shirt "intelligent", c'est-à-dire capable de détecter vos humeurs et changements d'humeur et de les communiquer à votre smartphone qui, lui, si j'ai bien compris, les communiquera à votre médecin. Car ce système est conçu pour le suivi des bipolaires (dits aussi maniaco-dépressifs) et autres cas plus ou moins psychiatriques en liberté. (Je ne nomme personne, mais enfin j'ai des idées.) Le médecin pourra alors rappeler au patient de prendre son lithium. A moins que le smartphone le fasse lui-même (une appli) ou même que le tee-shirt ait une seringue intégrée qui shoote le malade sans rien demander à personne – gagnons du temps..
Une autre solution, plus collective, voire plus politique, consisterait à mettre du lithium dans l'eau du robinet pour calmer les angoisses et dépressions quotidiennes des populations. C'est ce que propose, sans rire, un Dr irlandais qui veut faire baisser le taux de suicides.
C'est ça ou sucer des piles.
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Réussite des journaux gratuits.
— C'est parce qu'ils sont positifs, il paraît.
— Séropositifs, oui.
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Le resserrement sur soi (ou protectionnisme) est inéluctable.
Regardez l'information, telle qu'accessible aujourd'hui, via Internet. Vous n'en pouvez plus, y en a trop. Tellement d'info officielle, officieuse, tant de in, tant de off, et le rumeurs, et les fuites, et les dénonciations, et les piratages qui ouiquilixent… Et tout ce qui disponible à portée de clic, musiques, films, livres. Trop, de toute façon trop.
Alors vous vous limitez, vous vous resserrez autour d'un seul centre d'intérêt, ou de quelques uns. Tel style de musique, tel genre littéraire, tel domaine d'info (politique France… Econo… Ecolo… etc.) Vous vous posez des œillères et vous avez raison : c'est indispensable car, oui, tout est intéressant, mais vous ne pouvez pas profiter de tout.
En plus, vous avez envie ou besoin de partager avec des amis ou connaissances ou inconnus, mais des gens ayant peu ou prou les mêmes centres d'intérêt. Donc vous adhérez à un réseau social, et, à l'intérieur, à une communauté : les amateurs de BD, de SF, les fans de jazz, etc. et vous allez en rester là, vous limiter… parce que sinon, ce n'est carrément pas possible. Donc vous vous communautarisez. Pour vous protéger.
Maintenant, reportez ce schéma sur les voyages, les rencontres, l'économie, les langues, les cultures, les échanges commerciaux, industriels, scientifiques, etc. On ne peut pas échanger de tout avec tout le monde (7 milliards de terriens). Et donc, il faut bien se restreindre, se protéger, poser des limites.
(Bon, je suis passé de l'excès d'infos à l'excès d'échanges commerciaux. Est-ce cohérent ? Disons que c'est "à bâtons rompus" : je compile des notes éparpillées.)
Je reviens aux infos.
Les Français adorent la météo, paraît-il. Les chaînes et radios d'infos en balancent par bulletins entiers. Il y aurait même, paraît-il, une chaîne télé spécialisée : de la météo 24/24 h ! Pourtant, quand il neige, par exemple, les Français (et d'autres) sortent quand même leurs bagnoles pour les faire pisser, puis ils s'étonnent ou se scandalisent de rester coincés pendant quatre heures avec froid aux pieds. (Pareil pour la pluie, les orages, les inondations, la sécheresse, la canicule, les tsunamis, Fukushima…)
Il y aurait comme un clivage entre "ce qu'on voit à la télé" et la réalité. "Sur le terrain", comme on dit, ou "sur zone", comme disent les mirlitaires, imités par les médiatiques. Comme face à n'importe quelle catastrophe prévisible, on sait, mais on ne croit pas. Les courbes des graphiques statistiques prévisionnels sur un écran sont une chose, la réalité en est une autre. On ne fait pas le lien. La carte météo ne nous dit pas quelles chaussettes il faut mettre. (Ah bon, il faut qu'on te dise tout, quoi ?) On ne se sent pas vraiment concerné.
C'est un aspect. L'autre est que l'on compte sur les "pouvoirs publics". Qui sont censés réagir à la minute (dégager la neige, saler, etc.) et peut-être, oui, nous dire quelles chaussettes il faut mettre. Etat providence ? Surtout demande du public que l'Etat soit Providence. Et même plus qu'une demande, une exigence. On paye des impôts, merde ! Faut faire des lois !
La paralysie neigeuse est normale. En quelques heures, la nature, aussi vieille que le monde, fait la loi. Alors… faire le dos rond… attendre que ça passe. Le parisien ne connaît pas la neige, l'urbain en général, car c'est bien de ceux-là que je parle quand je dis "on" : les urbains. C'est-à-dire, maintenant, plus de la moitié des Terriens. Quatre milliards d'humains qui ne connaissent pas la nature (la Terre), seulement la télé et l'informe information.
J'ai dit plus haut Fukushima. C'est pas la nature, ça ! Ah oui… Mais c'est qu'on est entré dans la nouvelle ère : l'anthropocène, l'âge des hommes, où la technosphère génère une "seconde nature", complémentaire de la première dans le meilleur des cas, mais bien souvent concurrente de la première, voire antagoniste. Ou agoniste… Ce qui voudrait dire que le "on" téléspectateur qui ne connaît pas la nature ne connaît pas non plus la seconde nature, la sienne. Et c'est grave ? Hum, on dirait, oui… quand on voit Fukushima (où on a tout essayé pour colmater les fuites et refroidir : l'eau de mer, l'eau douce, le canon à eau anti-manif', les pompiers, les hélicos, le béton, le papier et la sciure encollés, le verre soluble (?!), l'azote… A quand le fromage fondu, le chewing-gum…?) et qu'on imagine que la prochaine sera chinoise, arménienne… ou française.
Mais non, le nucléaire est sans danger : la preuve, l'Atomium de Bruxelles.
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Dessin paru dans le dernier Psikopat, spécial élections, en vente dans tous les bureaux de vote.

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