dimanche 8 août 2010

LE CO2, BOUC ÉMISSAIRE DES ÉMISSIONS


LO N°402 (08/08/10)
LE  DÉRÉGLEMENT CLIMATIQUE ET SES NÉGATEURS
SUITE 20 (Suite des LO 359, 360, 361, 367, 369, 373, 376, 380, 383, 387, 397, 398, 399.)
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BOUC ÉMISSAIRE et VÉGÉTATION
Mon contradicteur François Gervais ("Physicien sceptique", déjà présenté dans les LO N°361 et 383 ) me disait :
— Quel intérêt à faire du CO2 le bouc émissaire de toutes les pollutions alors qu’au contraire d’être un poison, c’est le nutriment indispensable d’une végétation qui en redemande ?
Là dessus, c'est l'occasion de faire le point et de répondre sur deux aspects : le bouc émissaire, le terme pollution et la végétation.
Le reproche de bouc émissaire est justifié. Le bouc émissaire biblique a la fonction de prendre sur lui (de recevoir, plutôt : il n'a rien demandé) les tensions d'une société à un moment de son histoire, de "payer pour les autres", qu'il soit coupable ou non. Sacrifice défoulatoire. En effet (LO 359), j'ai d'abord considéré le CO2 comme "résumé", ou "prétexte", et plus tard comme "symbole", et ce dans une optique  de "com" = information / propagande. (N'ayons pas peur du mot : il s'agit de propager des infos et, au delà, des idées. Ce qui ne veut pas dire que tous les moyens sont bons…) Cela dit, le CO2 n'est ni un bouc ni un jésus…
J'ai eu d'autres réactions concernant le terme prétexte, analysé comme "mensonge", donc manipulation, propagande au pire sens… (Je reviendrai plus tard sur la question information / communication / propagande…)
Ça m'a en tout cas poussé à chercher sur quoi focaliser la communication, au delà de ce malheureux et encombrant CO2.
1) Donc creuser d'avantage les questions scientifiques (à mon niveau), et du coup mettre en valeur les autres GES, méthane, vapeur d'eau, halocarbures, protoxyde d'azote…  (LO 369, 376, 380). Et accessoirement détromper ceux qui confondent réchauffement climatique et trou dans la couche d'ozone. (LO 383)
2) Insister sur le terme Equivalent-CO2 ou Equivalent-carbone, Eq.C ou PRG (potentiel de réchauffement global). (Ce système de mesure incluant tous les GES est trop souvent lu simplifié en CO2 tout court, d'où l'argument des négateurs : vous êtes obnubilé par le CO2 d'origine humaine, et ce CO2 d'origine humaine, sur le total de ce qui entre en jeu, c'est peanuts.)  (LO 376)
3) Travailler la question du savoir, de la certitude, du doute, la conviction, la croyance, le scepticisme, l'empirisme, la critique, l'argument d'autorité, le déni, la responsabilité (je n'en ai pas fini avec…), donc, disons, en gros, la philosophie des sciences. (LO 387, 397)
4) J'ai insisté aussi sur les (nécessaires ?) simplifications et quasi-certitudes utilisées par le GIEC dans les résumés de ses rapports destinés aux hommes politiques ignares et pressés et au grand public de même. Simplifications nécessaires ou non ? Comme toute vulgarisation scientifique ? C'est la problématique (non scientifique) de la communication / propagande. La question du dérèglement climatique est une question à la fois scientifique et politique (géopolitique), et les deux domaines ont beaucoup de mal à s'entendre, ce n'est pas nouveau. Mission impossible ? (Les scientifiques, très honnêtement et dans leur pureté, se sentent souvent trahis par cette vulgarisation. L'ennui, c'est que cet idéal de pureté confine, en l'occurrence, à l'irresponsabilité : la question du dérèglement climatique n'est pas un simple sujet d'étude et de publication dans les revues spécialisées, c'est une question de survie de l'espèce, rien que ça ! Mais ça, c'est pire que de la politique droite/gauche, c'est de l'idéologie cosmique…)
5) J'en suis venu à focaliser l'accusation, au delà des GES, sur le PÉTROLE et, encore plus généralement, sur l'ÉNERGIE sous toutes ses formes (surtout les "non-renouvelables") et la chaleur qu'elle produit. Le CO2 et les autres GES ne sont que des symptômes d'une maladie plus profonde : notre surexploitation énergétique. (LO 367) (Derrière encore, il y a notre surproduction / surconsommation de tout un tas de choses, du nutella au voyage aux Philippines… Derrière encore notre surpopulation…)
Tout ça alors que le but de la manœuvre, pour moi, dans cette série, n'était pas d'expliquer globalement le dérèglement climatique mais de mettre en valeur l'idée que :
1) Réchauffement climatique il y a.
2) S'il n'est pas du tout d'origine anthropique (nous), on n'y peut rien.
3) S'il n'est ne serait-ce qu'un chouïa d'origine anthropique, agissons sur ce point, le seul à notre portée.
4) Et par la même occasion, ça nous amènera à calmer la surexploitation des ressources en énergie et matières premières et les diverses pollutions qui s'ensuivent.
Je reste sur cette thèse.
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Maintenant, la question de CO2 ET VÉGÉTATION
En commençant par LE CO2 et LE TERME "POLLUTION"


J'ai plus d'une fois, comme tout le monde, ou comme les médias, parlé de pollution à propos du CO2 et autres gaz à effet de serre. Et je continuerai sans doute, à l'occasion, par facilité. Mais je reconnais que c'est un abus de langage. Le CO2 n'est pas un polluant, ni un "rejet toxique", au même titre qu'un produit chimique ou radioactif, un pesticide, un solvant… (En Bretagne, les algues vertes  qui dégagent de l'anhydride sulfureux (ou hydrogène sulfuré) H2S, ça c'est une pollution, au sens strict (comme quoi, le vert, c'est pas forcément bon…). Les lisiers de porc qui s'infiltrent dans les nappes phréatiques sont aussi des pollutions. Les déchets radioactifs qui traînent un peu partout, c'est une pollution. Une marée noire…)
Le CO2, de base, est naturel et normal. Les plantes en bouffent et rejettent de l'oxygène O2 que les animaux respirent (en rejetant du CO2, donc échange gagnant-gagnant). On a tous appris ça à l'école. Il ne s'agit donc pas de "pollution" qui supposerait, pour s'en protéger, l'usage de masques à gaz. (Même si, question image, le masque est intéressant : il fout la trouille. Il sera donc utilisé, à tort, dans des dessins militants = propagande basée sur la peur, donc sur l'émotionnel.)
Le CO2 n'est pas "sale" et n'empoisonne que par sa concentration. Question de quantité, donc, et de quantité relative, c'est-à-dire sa proportion dans la composition de l'air. LE problème, en fait, dont on cause, ce n'est pas que ce gaz nous empoisonnerait (il en faudrait beaucoup plus), c'est qu'il génère (avec ses petits copains GES) de l'effet de serre qui nous réchauffe (trop).
De même, toujours dans le domaine de la précision du langage (c'est un peu mon dada), une énergie "verte" n'est pas "plus propre" ou "moins polluante". Elle émet de toute façon du CO2, qui génère de l'effet de serre. (Voir LO 345, sur le biogaz).
Ça force à réfléchir plus loin.
Si la dangerosité des émissions de CO2 nous semble contestable, on doit se dire que tous les moteurs, tout ce qui dépense de l'énergie, émettent bien d'autres saloperies beaucoup moins contestables : de la chaleur, des particules microscopiques en suspension, des cendres, des poisons, soufre, acides, and so on. Si le CO2 n'est pas "polluant", n'est pas "sale" ou toxique, respirez dans les rues d'une ville, au pied d'une usine ou au cul d'un avion, ou encore derrière un bateau ou un tracteur traitant des arbres fruitiers, vous aurez droit, outre le CO2 (dioxyde de carbone), au monoxyde de carbone (méthode de suicide avérée), au plomb, à la dioxyne, au dioxyde de soufre SO2, aux oxydes d'azote (NO et NO2), à l'ozone (O3)…
— Le métro est le seul endroit où l'air que l'on respire a déjà été pété trois fois. (Tartalacrem)
Et quand des manifestants brûlent des pneus, même si leurs revendications sont justifiées, huez-les ! D'après la couleur et l'odeur de la fumée qui en sort, c'est pas du CO2, mais c'est une sacrée saloperie pour les poumons ! (Pour mémoire : composition chimique d'un pneu : Carbone 70% ;
Fer 16% ;
Hydrogène 7% ;
Oxygène 4% ;
Oxyde de zinc 1% ; Soufre 1% ;
Azote 0.5% ;
Acide stéarique 0.3% ;
Halogènes 0.1% ;
Liaisons cuprifères 200 mg/kg ;
Cadmium 10 mg/kg ;
Chrome 90 mg/kg ;
Nickel 80 mg/kg ;
Plomb 50 mg/kg. Ça vous dit, de respirer ça ?) C'est d'ailleurs interdit par la loi, de brûler des pneus. Mais quand ce sera pour cette raison-là et aucune autre que les CRS chargeront les manifestants, c'est que le monde aura changé : on sera dans ce que certains appellent totalitarisme écologique, mais qui sera peut-être simplement "question de survie".
Tout ça, c'était pour dire une fois de plus que quand on lutte contre les émissions de CO2 (et autres GES), on s'attaque par la bande à tout un tas de saloperies peut-être beaucoup plus graves ou plus immédiatement graves. (D'où l'idée du CO2 "prétexte" ou "symbole"…)
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à suivre

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