vendredi 30 octobre 2009

Les petits gestes…


LO 330 (28/10/09)

Les petits gestes et les gouttes d'eau…

Pour ceux qui n'ont pas bien suivi, je rappelle que, à propos de Copenhague (sommet mondial sur le climat en décembre), j'ai parlé de l'opération "350" dans la LO 325 puis dans la 329.
Je rappelle aussi (LO 321) les paroles de NS dans son interview de NY : « Le monde va à sa perte si on continue à émettre du carbone qui créé un trou dans la couche d'ozone et qui brise les équilibres de la planète. »
Et dans la 324, je citais la fondation One Drop de Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil. et sa "Mission Sociale Poétique – De la Terre aux étoiles pour l'eau", qui consistait à se balader autour de la Terre dans la station spatiale à grand renfort de carburant spatial et retransmettre des concerts et des discours all over the world pour la cause de l'eau. Je montrais déjà un certain scepticisme quant à la validité de ce genre d'actions et des "petits gestes" recommandés.
Le "Home" (gratuit) de YAB fait dormir tout le monde… Le "Syndrome du Titanic" de Hulot (pas gratuit) fait (relativement) un bide… Ushuaïa comme Vu du Ciel, à la téloche, lassent… L'opération mondiale "350" ne remue pas des foules… Un article de Libé
nous raconte que les Américains sont de moins en moins nombreux à croire aux dangers du réchauffement climatique. Alors que de nouvelles études... américaines viennent encore affirmer le contraire. Le scepticisme climatique grignote les Américains. Seuls 57% pensent qu’il existe des indices… etc.
On ne peut pas attribuer cela seulement à la contre-attaque des négationnistes, lobbies de l'énergie, claudallègres, etc., toujours prêts à sortir des chiffres qui prouveraient que, en fait, rien n'est prouvé, et ceci et cela…
Il y a sans doute un effet de saturation… Et puis il y a "la crise".
Jouer le jeu de l'écologie est vu comme un luxe de riche. Quand tu te préoccupes de te nourrir et nourrir-habiller-loger ta famille, tu considères que tu as d'autres priorités que "sauver la planète", cette abstraction lointaine, presque mystique… Et donc, maintenant, avec la crise économique (surtout dans ses aspects les plus proches : chômage, misère SDF, souffrance au travail…), ça vaut autant pour un occidental moyen du Nord développé que pour un Sudiste sous-développé ou en voie. (Les ours blancs et les lémuriens, après tout, avec une petite sauce aux herbes, c'est du ragoût pas dégueu.)
La crise économique se pose en concurrente de la crise écologique (plus particulièrement climatique). Bien à tort.

Alimentaire, mon cher Watson.
Sous cette réaction très primaire (dans le sens de liée aux besoins primaires) se cache sans doute une appréhension encore peu claire : 1) que, de toute façon et quoi qu'on fasse, on ne s'en sortira pas ; 2) que cette crise climatique est imparablement liée à la crise économique. Et j'entends "liée" dans les deux sens, chacune des crises étant à la fois cause et conséquence de l'autre. Les deux crises ne sont pas concurrentes mais solidaires, et, finalement, n'en font qu'une. L'aspect alimentaire dans les pays pauvres en est l'illustration la plus patente actuellement, avant que cette illustration ne paraisse au grand jour dans nos pays producteurs de cholestérol.
Et ça, ça fout tellement la trouille qu'on ne veut pas le voir, ou pas tout de suite, pas si vite… laissez-nous encore un peu le temps d'en profiter et de préparer notre défense, comme un quelconque Karadzic…
Donc on nie. (Ce "on" est très flou, je sais, mettez-y les Américains ou vos voisins si vous voulez, mais n'oubliez pas de vous y inclure.)
Quand cette "appréhension encore peu claire" aura émergé clairement dans "ON", on sera sur le point de bascule.

# Le réchauffement climatique en relief
Alors que le sommet mondial sur le climat aura lieu à Copenhague du 7 au 18 décembre, le gouvernement britannique présente une carte interactive sur le réchauffement climatique. Ce dernier veut mettre en garde contre la "catastrophe" qu'encourerait la planète si le sommet n'aboutissait pas à un accord empêchant une hausse de 4 °C de la température mondiale d'ici à 2100. L'outil interactif, disponible sur le site Act on Copenhagen, montre quels seraient les impacts sur la Terre d'une telle hausse des températures. Des légendes détaillent la catastrophe annoncée et ses contrastes géographiques : 130 millions de victimes d'inondations par an, un milliard de personnes manquant d'eau, et la hausse de 48 centimètres du niveau des mers... # (Sur la check-list du 26/10/09 du Monde – abonnés)

ET APRÈS ?

« Comment expliquer ce paradoxe ? La communauté de ceux qui se soucient de l'environnement – à laquelle j'ai appartenu toute ma vie – ne cesse de grandir, de se sophistiquer et d'accroître son influence, elle lève des fonds considérables, et pourtant, les choses vont de pire en pire. » Gus Speth.

« Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l'économie n'est pas reine mais outil, où la coopération l'emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit. » Hervé Kempf.

Il y aurait tout un bla-bla à faire sur le thème "Les petits gestes ne suffisent pas".
C'est sûr qu'on ne va pas régler le problème énergétique (et partant le problème climatique) en remplaçant toutes nos ampoules à incandescence par des ampoules écono (chères en matériaux rares à produire).
Le pouvoir (les pouvoirs) nous pousse à ces petits gestes, ce faisant il se déresponsabilise et nous fout ça sur le dos, nous tout un chacun.
Pendant ce temps, les vraies grandes décisions (politiques, sociales, économiques nationales ET internationales) ne sont pas prises. Est-ce une raison pour ne pas jouer le jeu ?
Doit-on dire qu'on temporise, qu'on gagne du temps pendant lequel les vraies grandes décisions se préparent pour Copenhague ?
Ou qu'on perd du temps à poser des rustines sur les roues des locomotives, alors qu'il faudrait changer de voie…?
Pendant ce temps consacré-perdu à tous ces petits gestes, un mûrissement se fait, certes : le gamin qui, aujourd'hui, exige de ses parents une bouffe bio et le tri des ordures à la maison, sera demain un chef d'entreprise, un enseignant, un homme politique ou un plombier écolo-responsable. Mais ne sera-ce pas trop tard ?
Toute la question est là : pendant qu'on travaille, par exemple, ici ou là, à réduire les gaz à effet de serre, par ailleurs, là ou ici, on en produit de plus en plus, ne serait-ce que parce que la population continue à augmenter.
Et finalement LA CLEF est la réduction démographique. Mais là encore, n'est-ce pas trop tard ? Il faudrait un bon siècle de malthusianisme forcené (1 enfant par femme, et dans le monde entier, sinon c'est pas la peine) pour ramener la population mondiale à un nombre vivable (1,5 MM). Dans quel état serait alors le monde ?

Est-ce une raison pour ne pas jouer le jeu des petits gestes, au niveau individuel ?
Et sinon, QUOI ?
- Entrer en lutte armée style khmer vert ?
- Rien faire : de toute façon c'est foutu, je bouffe des fraises, je sors en boite et je carpe diem, après moi le déluge. (C'est aussi la résignation religieuse, c'est le Destin, "inch allah".)
- Agir à son niveau (petits gestes, information) sans ambition excessive, sans croire que ça va sauver le monde, sans espoir. Juste comme ça parce qu'il le faut
"Il faut comprendre que les choses sont sans espoir et cependant tout faire pour les changer." disait Fitzgerald. 
Et aussi (LO 321)
« S'il existe la moindre chance, aussi infime soit-elle, de pouvoir contribuer à quelque chose en intervenant dans cette situation dans laquelle nous nous sommes mis, alors il faut le faire.» (Günther Anders. 1977).
« C'est justement parce que nous glissons vers l'abîme que nous devons démultiplier nos efforts pour contrer le processus qui nous entraîne. Faisons tout ce qu'il est possible de faire et même davantage. Et ensuite advienne ce que pourra.» (Bertrand Méheust. 2009).
Ça  a quelque chose d'irrationnel… Ça tient de l'"acte gratuit" cher aux surréalistes.
Ça sert au moins à "avoir sa conscience pour soi".
Je suis preneur de toute autre idée.
Et j'attendrai l'après Copenhague pour mettre en ligne des considérations vraiment désespérées.



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