vendredi 27 mars 2009

HALLALI

LO N° 293 (27/03/09)

LUTTER CONTRE LA CRISE D'APPAUVRISSEMENT



CINÉMA
Je confirme que "Vous ne l'emporterez pas avec vous", de Franck Capra (1938) (vu en DVD), c'est génial… et totalement d'actualité !

Je confirme que "La journée de la jupe", c'est très bien et totalement d'actualité, et plus fin qu'il n'y parait derrière son aspect choc. (En salles cette semaine, mais avec peu de copies, paraît-il. Visez bien !)

ARROGANCE
Arrogance ? Provocation ? Ou simple coïncidences ? Comme par hasard, les grandes sociétés annoncent de gros bénéfices et, simultanément, des licenciement… Ou annoncent des grosses pertes, bénéficient d'aides de l'état et simultanément leurs dirigeants se payent des bonus et stokoptions maravilieuses… Ou un dirigeant (responsable, en principe, des pertes) part avec un paratonnerre doré sur tranche. Sans omettre les cas où une grande société (qui vient de recevoir une aide de l'État) réunit ses dirigeants en colloque dans un hôtel 5 étoiles aux Bahamas… (Sans doute pour y réfléchir dans le calme à ce qu'ils vont bien pouvoir faire de tout ce pognon…)
Arrogance ? Provocation ? Certainement. Mais ça ne suffit pas à expliquer ces positions et ces annonces publiques, de la part de gens censément rationnels. Il y a de l'attentat-suicide, là-dedans… perdu pour perdu… baroud d'honneur… Ça sent l'hallali ! (Et sans doute pourrait-on en dire autant des dernières frasques papistes, politistes ou israélistes : on sent que la fin est proche, alors on veut finir "en beauté"…)

TRANSPARENCE
Bien sûr, ces pratiques (superbonus, stokoptions…), nous voudrions les voir disparaître, mais on ne nous propose (par la voix du Shark) que de la transparence.
Il est vrai que ces pratiques ont sans doute toujours existé d'une manière ou d'une autre, mais ça se faisait en secret, ou au moins discrètement. Maintenant, ça se sait. Que cette médiatisation soit le fait d'une réelle volonté de transparence, donc, ou le fait de révélations du Canard Enchaîné ou de Libé, tout se sait. Du coup, la fameuse "transparence" apparaît comme pur cynisme. — Ou simplement met au jour le cynisme qui a toujours présidé à ces pratiques. Cela fait scandale, cela offusque le bon peuple = nous. Nous sommes encore pourvus de sens moral, faut croire, ou en demande de morale (de moralisation), de cohérence, de justice. À moins que nous soyons seulement humiliés, jaloux, envieux ? Nous crions à l'injustice, et les hompols sont bien forcés de nous suivre sur ce terrain (sincèrement ou cyniquement). Le scandale (populaire, médiatique et politique) force donc les dirigeants sans scrupules à faire machine arrière, à réguler leur arrogance. Ça leur apprendra !
Donc peut-être bien que l'exigence de transparence produit bel et bien des effets. La visibilité inévitable joue un rôle de gendarme préventif. Un peu comme une caméra de surveillance peut faire renoncer à un délit…
… Ou peut pousser à mieux se cacher. Car l'avidité ne renonce pas si facilement.
D'ailleurs, nous-mêmes protestons devant la présence des caméras de surveillance, ou la prolifération des fichiers, alors même que, a priori, nous n'avons rien à nous reprocher, rien à cacher. (Quoique… une petite vente sans facture… un petit boulot au noir…c'est toujours ça que le fisc n'aura pas, hein ?!) Et nous voilà pris dans un paradoxe : nous nous réjouissons que les gros soient pris sous l'œil des caméras, obligés à la transparence, à l'aveu, à la révélation de leur voracité, mais nous, nous voulons garder nos petits secrets.
« Ben oui, mais moi, mon paradis fiscal, c'est quelques billets sous mon matelas, mes stokoptions, c'est mon livret A à la Poste… Y a pas de comparaison… Grosse différence de taille… On ne peut pas parler de fraude ni d'avidité… »
Tout cela est petit, oui, donc pas indécent. Mais pas innocent. (Puisqu'il est question de morale).
Le petit (en général) espère devenir gros… et celui qui a vaguement arnaqué le fisc du temps de sa jeunesse pauvre ira peut-être mettre ses bénéfices en Suisse s'il a la chance de passer les bornes de la moyenne, de franchir le seuil de la maison des riches. Petite tricherie deviendra grosse, si l'occasion se présente, si le jeu en vaut la chandelle. Et il protestera vertement quand on voudra le moraliser de force, comme le gauchiste proteste contre le fichage, le droitiste contre la surimposition…
Alors, est-ce seulement une question d'échelle ? Est-ce que tout un chacun, au fond, ne rêve que de richesse, de capital, donc de bonus, parachutes dorés et stokoptions bien juteuses ?
Celui qui prétend cela est sans doute le gros cynique qui cherche à se dédouaner : « Tu sais bien que tout le monde fonctionne comme ça, coco… Chacun est un salaud avide… » Ou : « Tu es juste jaloux… Si tu avais pu le faire, tu l'aurais fait… Toi aussi, lecteur… »
Et du coup, voilà que l'on débouche sur des questions métaphysiques : la morale n'est-elle que la peur du gendarme, ou la jalousie du faible, ou la vengeance de la victime…? L'éthique n'est-elle qu'une création humaine sociale (via la religion ou la justice) destinée à compenser la supposée saloperie fondamentale de l'individu humain, et, partant, à rendre la vie en société possible.
Une autre fois, peut-être… Ou allez chercher chez Darwin, Rousseau, Freud, les anarchistes…………

ENTENDU
« Il faut savoir raison garder et ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ». Dès que j'entends un économiste/politique/médiatique sortir l'une ou l'autre de ces expressions, voire les deux dans la foulée, je coupe !

LU
« Chaque crise est l'occasion inespérée d'identifier les causes de son apparition… » Ouais… Comme dirait le Dr House : « Vous verrez bien, à l'autopsie, que mon diagnostic était exact. »

MICHAEL JACKSON REVIENT (et il rejoue Thriller)

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